Éloge du bref

Mon nom vient du grec, il signifie : définir, délimiter. Mon rôle consiste à exprimer en très peu de mots des pensées, des principes. Attention ! Ne pas me confondre avec le petit dernier, l’arriviste au nom anglais, car moi je rejette les lieux communs et le commun. Lui, enfin je ne veux pas en dire du mal, mais ce que j’ai pu lire ne m’enthousiasme pas.

Voici, au hasard, quelques uns de mes propos :

« Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. » L’auteur, Charles le Téméraire, a utilisé 87 signes. Plus court encore : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. » Rabelais. Oui, je sais, celui-ci vous rappelle quelques dissertations laborieuses. Préférez-vous : « La vie, quelle merveilleuse absurdité ! » ? Daniel Desbiens.

C’est beaucoup plus court et beaucoup mieux troussé que la multitude des « 142 signes » qui surgissent par millions dans l’espace binaire…

L’un de mes collègues, un exotique, propose depuis des siècles des poèmes  de 17 syllabes :

« Paix du vieil étang

une grenouille plonge

Bruit de l’eau » Bashō

« L’éphémère printemps

sculpte l’écorce du temps

en gouttes de sang » Brogniart

Dans son domaine, la nature se doit d’être présente, il est vrai que le nouveau venu se fait accompagner par un oiseau… Malheureusement ses pépiements, enfin je ne veux pas être médisant, mais ceux qui me parviennent coassent, le plus souvent.

Au fait, je me nomme Aphorisme et mon collègue japonais Haïku.