Ce jeune homme me plaît. Son visage est grave, ses traits sont réguliers. L’implantation des cheveux bruns frisés dessine deux arcs en écho aux sourcils. Le front bombé au-dessus des yeux suggère la concentration.

Le regard est direct, perçant, le nez droit, le dessin de la bouche ferme, le menton volontaire. Insolent ?

C’est l’été, il est vêtu d’un polo au col ouvert, à manches courtes. Ses bras sont ceux d’un tout jeune homme. Il tient entre les doigts de sa main droite une cigarette, la main gauche repose à l’entrée de sa poche, il porte peut-être une montre. Il se tient légèrement déhanché, le pied droit ouvert. Son pantalon a des pinces et l’on distingue la trace d’un pli. Il est tenu par une ceinture qui semble souple. Ses chaussures sont de couleur marron.

Il se tient dans l’allée du jardin peu entretenu d’un pavillon, sans doute semblable à celui qu’on aperçoit en fond. Au bout de l’allée, une petite fille en robe claire et chaussures blanches marche, on ne la voit que de profil.

Il a vingt ans. Qu’attend-il de la vie ? Qu’espère-t-il ?

Douze ans plus tard, il deviendra mon père.