Nostalgie & Mélancolie

La nostalgie est un sentiment discret, diffus, insaisissable et pourtant prégnant qui ranime le passé en l’assaisonnant de regrets : souvenirs vagues, légèrement décolorés, presque mélancoliques, encore doux, quoique…

La nostalgie et la mélancolie flirtent volontiers. Bien que souffreteuses, elles demeurent distinguées et réservées.

Leurs définitions sont flottantes, néanmoins la mélancolie est plus alarmante que la nostalgie.

La gravure Mélancholia de Dürer représente une jeune femme  puissante, sculpturale qui exprime plus l’ennui et la colère que la tristesse. (Elle est ailée…)

Dans ma tête chantonnent deux chansons de Léo Ferré.

Dans celle mettant en scène « La mélancolie », le poète liste tout ce qui la provoque et, comme souvent, il nous associe à cet inventaire, concluant par :

« C’est un désespoir qu’a pas les moyens »

« La nostalgie » est une chanson plus pesante évoquant des échecs,  par contre la conclusion est tonique :

« Tu peux toujours la regarder en face

Avec tes poings et tu verras que passe

La nostalgie »

Fort bien, je brandis mes poings et plante un stylo dans chacun. Je grimace, je vitupère, je crachote des mots drus et crus. La mélancolie, choquée, se carapate. « C’est ça, dégage, j’en ai rien à faire ! » La nostalgie me saisit au collet et me fait rendre gorge, insistant pour que sa copine revienne : j’étouffe et cède. Elles ricanent.

Pantelante, je me frictionne la nuque. Mes poings sont flasques, les stylos bavent, les mots lâchement se détournent. J’appelle les chiffres en renfort.

« Un, deux, trois,

nous sommes les rois,

quatre, cinq, six

en toute injustice,

sept, huit, neuf

vive les meufs !»

Dix, onze, douze

vous êtes des jalouses,

treize quatorze, quinze

vous faites fuir les princes

seize, dix-sept, dix-huit

Il n’y aura pas de suite !