La peur

La peur profite d’un contexte favorable pour  s’infiltrer plus profondément, à l’affût d’un détail, d’un mot, ou d’une impression, alors  la faille s’agrandit et ruine le calme affiché.

Peut-être embusquée depuis l’enfance dans l’apesanteur de l’utérus ou lors du traumatisme de la naissance, à moins que dès la première tétée, la première chute ou la découverte du langage… Ou bien elle  arrive plus tard.

Congénitale, environnementale ? Enfant, elle avait peur du noir, peur de ne pas se réveiller, peur qu’un bandit soit caché sous le lit ou guette derrière la porte… Peur du fait qu’il ne fallait pas accepter des bonbons d’inconnus ni les suivre. Peur dans les couloirs déserts des cinémas lorsqu’elle allait aux toilettes. Peur des « Unes » terrifiantes des journaux à scandales. Peur de cet homme qui dans la rue secouait un truc bizarre devant son pantalon. Peur que ses parents disparaissent dans un accident ou, à l’inverse, qu’elle meurt avant eux, les laissant accablés.

Sans compter la peur de l’échec, en dépit de belles réussites, redoutant toujours, en toutes circonstances, de n’être pas à la hauteur.

Désormais, elle a peur du vieillissement, de la maladie, de la mort, celle de ses proches et la sienne. Peur de ne pas savoir mourir, peur de la peur et peur du virus.

Parfois, rarement, toute cette pesanteur la quitte, elle goûte alors, presque, au plaisir de vivre.

Sculpture « Aux morts de tous les conflits »

La lettre d’information pose des problèmes techniques pas encore résolus… Merci pour votre patience.