J’ai réalisé une vidéo de 2’ 44’’ à partir de l’une de mes nouvelles « Un matin », extraite de Ricochets. Un matin, au réveil, le narrateur ne parvient pas à soulever ses paupières, il tente d’y porter remède, tout en se demandant s’il s’agit d’un refus de voir le monde ou (il est écrivain) d’un refus d’écrire. J’ai adressé le lien à quelques personnes.

https://www.youtube.com/watch?v=SVlvIpGo_2s

Les commentaires reçus interprètent le texte en fonction du contexte de la pandémie et du confinement que nous vivons. Certains évoquent l’aveuglement qui nous a conduit dans cette situation, d’autres le fait que nous n’avons pas conscience de la gravité ni de la durée de la crise. D’aucuns proposent au personnage de se tourner vers la beauté intérieure, de s’affranchir du regard. En fait, ce texte fut publié en 2008, je l’ai choisi car il permet une vidéo courte, avec peu de décor, pas de personnage et même, derrière des paupières, j’aurais pu opter pour un écran noir… C’est ma seconde vidéo sur des nouvelles : j’ai tout à apprendre.

Plusieurs intervenants ont vivement conseillé au personnage, voire à moi, de continuer d’écrire, nous les en remercions vivement. Mais, à ce propos, je viens de terminer mon huitième roman « Le désordre des choses ». Faut-il tenter de le faire publier, de l’imprimer alors que des écrivains connus et des maisons d’éditions de renom lancent des appels désespérés par rapport à leur situation. Que diraient, s’ils le pouvaient, les auteurs des petites maisons d’éditions qui se diffusent elles-mêmes par l’intermédiaire des Salons, des lectures, des signatures, des pigeons voyageurs et des bouteilles à la mer ? Aucun soutien, aucune aide ne concernent les créateurs et acteurs que sont les écrivains, du moins certains.

Que les auteurs soient confinés dans leur tour d’ivoire est fréquent, mais les livres ? À la médiathèque du petit bourg que je fréquente, les livres de retour sont mis au purgatoire 3 jours (Ah ! le divin enfer des bibliothèques : le coin des livres interdits…), puis ils sont désinfectés. Les lecteurs choisissent leurs livres sur catalogue (très orienté) et viennent à une heure déterminée les récupérer à bout de bras et du bout des doigts. En parallèle, dans la supérette, on peut toucher et s’emparer de nourriture variée et de toutes sortes d’objets. Preuve que les mots sont puissamment dangereux !

Bref, vous comprendrez que plus encore que mon personnage, je sois perplexe…