Baromètres

Les baromètres sont des pleutres. Ils se positionnent sur « variable », seuls des tapotements intempestifs les poussent à prendre des risques.

Plutôt que de concevoir des intelligences artificielles qui supplanteront les humains, les ingénieurs devraient fabriquer de petits appareils proches des baromètres pour analyser les causes d’un mal-être, en remplaçant : « variable, beau temps, vent, pluie, tempête, très sec » par les conjectures que me distillent mes mots. Nous agirions en conséquence ou nous nous coucherions.

Les mots du jour circonscrivent ma fatigue, mes mâchoires crispées la mesure. Je sonde les phrases pour découvrir la cause de ce triste état :  excès d’activités,  maladie,  charge mentale trop lourde, empilement des années ? Un cocktail de ces apports ?

Un autre mesureur évaluerait l’amitié. Ma solitude me pousse parfois vers autrui, non point pour partager des centres d’intérêt, simplement pour recueillir un bonjour chaleureux, partager une conversation, se rendre un service. Les jours de disette, je me contente d’un pouce levé au bas d’un texte.

Un baromètre familial estimerait l’harmonie du couple, les dissensions des fratries, l’attachement des descendants. Les items retenus : affection, curiosité, obligations d’usage, silence, rancœur. Je suis nullipare (l’étymologie ne vient pas de nul, mais d’aucun), ce qui m’évite de voir mes enfants se comporter médiocrement ou de constater qu’ils se forcent.

Que mesurer d’autre ?

Positivons pour réchauffer le cœur de mes lecteurs : soleil, confiance, harmonie, joie, plaisir. Évidemment, on peut considérer que les émoticônes remplissent cette fonction.

Hum, mieux vaut mettre un point final à cet article.