Une libraire
Une librairie parisienne active m’adresse par un réseau des informations. Profitant d’un séjour dans la capitale, je m’y rends pour acheter des ouvrages et me faire connaître : le virtuel c’est pratique, mais moyennement humain.
J’entre. Des livres couvrent les murs du sol au plafond, d’autres s’étalent sur des supports étroits et hauts. La propriétaire bavarde avec son employé. Je cherche à comprendre la logique du classement. Elles vont et viennent en me bousculant. Je finis par quémander le livre d’un Palestinien. Elles ne l’ont pas. Je m’enquis d’un autre roman que la patronne me tend sans un mot. Pour soutenir les « librairies indépendantes », j’en réclame un second : un pavé ! J’hésite. « Il se lit bien, c’est plein de témoignages. » Soit, je le prends et en profite pour glisser que nous échangeons sur un réseau. Malgré l’absence de client : un silence éclaboussant me revient.
Tandis que je règle, je précise que je suis écrivain et que mon éditrice les a contactés pour mon dernier roman. Du bout des lèvres, elle marmonne quelle édition ? « Sinope. » « Nous ne travaillons pas avec eux.» Je plaide : « Dommage, leur catalogue éclectique est intéressant et ils sont distribués par la Sodis.» Je prêche dans un désert de papier.
Avec un grand sourire, je décline mon nom, le titre de mon roman — 2 dés & l’éternité — et le thème : des artistes tentent de faire connaître leurs œuvres dans un monde indifférent aux arts et à la littérature. Mon regard s’attarde amoureusement sur les bouquins et je sors.
Une fois de plus, je m’interroge sur cette notion d’indépendance et sur leur réelle appétence pour la littérature : un «accueil » fréquent à Paris comme en province à quelques rarissimes exceptions près.
(Un libraire touche 40 % sur les ventes, l’éditeur 20 %, l’auteur 10 %.)
5 Comments
Laurent avril 29, 2025 - 08:04
Ce que tu ressens existe dans beaucoup d’autres domaines ! Si cela peut te consoler : ton dernier livre me plait.
Claude Friga avril 29, 2025 - 08:01
Tu as parfaitement raison de gueuler pour nous, je n’ai plus de voix pour ces manutentionnaires du vide et du trop plein qui se disent libraires.
Nathalie avril 28, 2025 - 14:39
Je ne suis pas surprise, mais navrée…/… En tous cas, je propose 40 % pour l’auteur, 10 % pour le libraire !
christian avril 28, 2025 - 14:36
Un constat hélas courant.
Claude L. avril 28, 2025 - 14:35
La prochaine fois que tu viens, passe nous voir nous te remonterons le moral contre ces libraires indignes.