Libertés
Sans doute faut-il défendre les libertés, mais la liberté des uns n’est pas la liberté des autres. Ceux qui pensent perdre la leur en portant un masque en temps de pandémie, en respectant un couvre-feu… m’étonnent. Pendant la guerre, officiellement la dernière, la France était occupée (OK, moi non plus je n’étais pas née) : couvre-feu, attestations, arrestations… Les jeunes ne pouvaient pas danser, les théâtres fermaient tôt, les gens avaient faim, une étoile rose décorait les homos, les juifs une jaune, parqués, spoliés, déportés, assassinés, ajoutons les Tziganes ainsi que des hommes de conviction. Il y avait la milice, le marché noir, des résistants et les autres. Voilà pour le passé.
Au présent, avant la covid, pour ma part je ne me sentais pas libre puisque mes livres — l’essentiel pour un écrivain — édités chez un petit éditeur se trouvent rarement en librairies. Les libraires étant démarchés par les commerciaux des maisons d’éditions importantes, influencés par des médias ciblés et coincés dans un système d’envois d’office et de retours d’office. Bien évidemment, les petits éditeurs ne peuvent pas postuler pour les prix littéraires basés sur l’envoi massif des services de presse et autres pratiques. À leur tour, les libraires pour assurer quelques ventes démarchent les bibliothécaires, du moins dans ma région. La boucle est bouclée. Cadenassée.
L’endogamie dans les arts, l’entre soi avec les risques de consanguinité dégénérative, d’incestuosité communicative existent comme dans certaines grandes familles.
Bref, je n’étais pas libre, comme bien d’autres artistes talentueux : peintres, sculpteurs, musiciens, le virus ne jouant aucun rôle dans ce confinement. Ils ne peuvent se faire entendre et après cet épisode tragique le silence continuera de les engluer.
« Il faut abattre les murs. » mais lesquels ?
6 Comments
Nitrat janvier 26, 2021 - 10:10
Intéressant, mais les deux parties de l’article mériteraient d’être développées : le confinement en temps de guerre et la société actuelle structurée par les pouvoirs médiatiques.
arbouge janvier 26, 2021 - 10:21 – En réponse à : Nitrat
Il est vrai. Mes deux colères vont du « large » au particulier, mais les billets doivent être courts… Il faudrait parler des confinements actuels dans les pays en guerre, dans les camps d’internement… Quant à cette appétence nouvelle pour la culture… Mon prochain article : Les arts difficiles l’évoquera – en vers pour ne pas en pleurer.
Monique janvier 20, 2021 - 08:51
Bravo, enfin quelqu’un qui dit ce que je pense et très bien !
Ro janvier 20, 2021 - 08:50
De fait, et quand on parle du marché de l’art, c’est souvent celui des boutiquiers et des spéculateurs.
G. Moreau janvier 18, 2021 - 13:44
Merci, j’applaudis de tout cœur car tu désenglues et ton écrit a sa place dans l’anthologie avec le poème d’Eluard.
Emma janvier 18, 2021 - 13:41
Un billet à méditer.