Léo en écho (24 août 1916 – 24 août 2016)

Un souffle de mer

troussa la terre

dénichant l’ailleurs

qui dans sa candeur

se lovait au cœur

d’un merle moqueur

d’un poète fou

œuvrant vent debout

la lueur au foc

la mort à l’estoc

Copain de la nuit

chantant l’utopie

la belle rouge et noire

de la déshistoire

La phrase cambrée

de cris éclatés

berçait la marée

à l’aube moirée

d’horizon marbré

alors surgissaient

les mots qui dansaient

Dans l’entrelacs des partitions

la symphonie de la passion

qui de soupirs en silences,

de contrepoints en contresens

décline les faces cachées

des poèmes dits du péché

Mots inventés tissés d’étoiles

et de vents qui dévoilent

quand on les suit à la trame

la voix du corps et de l’âme

qui à coups de poing prend acte

d’une métaphore exacte

en image vagabonde

pour tenter l’idée du monde

quand la douleur du sang versé

hurlant n’y ferait plus penser

Mots fusions de solitude

empiégés par l’habitude

où de multiples détresses

s’assemblent et se déversent

dessinant, creusant de l’ongle

la vie et la mort qui jonglent

Tracés noirs que le temps clarifie

mouvement au ressac infini

culminant au sommet d’un été

où se joue aux dés l’éternité

de l’instant qui sans cesse s’enfuit

ou s’égare au creux de l’ennui

Des pas des lumières  un chemin

le flux d’un long poème sans fin

né d’un espace sans limite

où les rêves en folie invitent

l’errance glacée de l’attente

collée à la mort qui la hante

Clamant tendresse colère et espoir

en l’avenir fuyant les froids corbeaux

de brouillard et la Miss misère noire

pour miser sur un Demain crescendo

avec tout ce qu’il fallait pour y croire

les vers menaient grand train leur concerto

                                             Colette Brogniart –Variation III

                                             Photo Patrick Ullmann (projetée sur un mur)