Nouvel an

Chaque fin d’année, il faut passer à la suivante : nécessité du calendrier, habitude culturelle, mélange d’Histoire, de superstition, de symbole, trêve des confiseurs et des politiques… À une époque, le 1er avril avait été choisi puis abandonné d’où les farces qui perdurent.

Début 2016, j’avais confié à un poème  le soin d’assurer la transition« Des mots », en 2017 c’est un texte humoristique avec buches déguisées en petits lutins « De Noël au Jour de l’an » qui transmit le flambeau, en 2018 « D’une année l’autre » s’appuyait sur un piano nous invitant à jouer.

Au Mexique, Noël et le nouvel an se préparent dès le 12 décembre (jour où la Vierge de Guadalupe rencontra un Indien) jusqu’au jour des Rois : soit 26 journées et 25 nuits… Des crèches avec personnages grandeur nature se dressent un peu partout. Sans attendre, on  installe l’enfant au milieu des animaux répertoriés : bœuf, âne, moutons auxquels on ajoute cochons et coqs. J’aurais aimé y trouver les iguanes qui, hiératiques, contemplent les pyramides ou s’alanguissent en ronronnant (j’en jurerais) dans des bras câlins. Ils ressemblent à des dragons et c’est leur crête dentelée qu’il faut caresser tandis que leurs paupières s’abaissent voluptueusement. Certains mesurent deux mètres.

Les Rois Mages sont, eux aussi, plus nombreux que dans nos contrées : quelques dieux précolombiens les ont vraisemblablement rejoints. En outre, dans la joie et la liesse, les Mexicains invitent, les jours officiels et les autres, leurs disparus à les rejoindre. D’où la présence de cette élégante en mauve au centre de la photo. L’oiseau noir en bas à gauche n’est pas un corbeau mais une pie. Leurs pies sont toute noires, leurs cochons ont des poils et leurs chiens n’en ont pas. S’agit-il des « chiens jaunes du Mexique qui dorment sans rêver » de Boris Vian ? Le pays, lui, est plein de rêves et d’espoirs.

Chants, danses, embrassades, bière, téquila, dinde à la sauce au  chocolat et aux piments , fruits, friandises seront à la Fête. Dans une ville, j’ai parcouru la « rue des bonbons » : digne du royaume de Pinocchio.  La piñata,  boule multicolore hérissée de piques (sur  la photo à gauche) est fourrée de bonbons. Les sept piques sont les sept péchés capitaux à détruire à  coups de bâton pour l’éventrer et  s’adonner à…  la gourmandise : les douceurs s’éparpillant au milieu des bousculades et  des rires des enfants et des grands.

Tout est prétexte à se régaler et à festoyer. Ainsi, celui qui trouve la fève dans la galette des Rois, préparera la Chandeleur pour continuer d’honorer la nouvelle année : Feliz año  2019 !

Photo CB