La beauté
(Thème du Printemps des poètes 2019)
« La beauté, je l’aimerais volontiers déesse et immortelle. » Disait l’Étranger de Baudelaire. On sent le dépit : Charles était exigeant. Néanmoins, sa géante est belle et même la charogne…
La beauté est essentielle. Hélas ! La non-beauté est très répandue. Je n’ose parler de laideur puisque pour certains… et puis… « Tous les goûts sont dans la nature. » « Des goûts et des couleurs, on ne discute point. » Dit la facilité, ajoutant « Il faut de tout pour faire un monde ». Vraiment ? Des violeurs, des pédophiles, des tortionnaires, des tyrans, des imbéciles…
La beauté, donc, se réfère, le plus souvent, au visuel : beauté d’un paysage, d’un visage, d’un corps, mais elle peut qualifier un instant, un tableau, un concerto, un mot… Certains évoquent la beauté morale : un bel esprit, une belle âme, une bonne personne (celle-là peut être moche.)
La beauté est à capter, à capturer, à libérer. Parfois, nous produisons de la beauté sans le savoir peut-être parce que le vivant est beau ou peut l’être.
Mais revenons à la beauté chantée par les poètes, ces mangeurs de lune, ces bons à rien, ces rimeurs stériles. « Ces dociles amants » dont se gaussait Baudelaire. Dociles ou bien rebelles : « La beauté sera convulsive ou ne sera pas. » Déclarait André Breton. Une beauté tranquille serait inenvisageable ?
Un beau geste désigne un don, un pardon, un sacrifice… Par exemple, l’abdication d’un despote, la disparition d’un frimeur seraient de beaux gestes. Ou encore, au hasard, un journaliste qui chercherait un livre n’arrivant pas en direct d’un service de presse, le livre d’un inconnu. Supposons qu’il le lise, l’apprécie, rédige un papier élogieux : ce serait beau. Ou, toujours au hasard, un critique d’art qui découvrirait une peinture dans une petite galerie, une musique dans un petit cabaret et qui… Non seulement ce serait beau, mais original, audacieux, risqué…
Bon, la beauté qu’est-ce que c’est ?
Le printemps, poète intermittent et régionaliste, déployant ses bourgeons délicats, répandant ses effluves, exhibant ses fragilités qui nous font espérer, encore une fois, en l’avenir.
1 Comments
Laure avril 21, 2019 - 09:53
Dommage que le Printemps des poètes soit clos, reste effectivement le poète printemps. La beauté a-elle été encagée dans cette prison en verre, est-ce une vanité ? Laure