Les poètes & la mort

Les poètes, de Villon aux Romantiques, évoquent ce couple infernal : l’amour/la mort – mariés pour cause de paronomase ? Plus proche encore en Occitan : l’amor/la mort.

Léo Ferré relatait un coup de fil de la Camarde :

– Je suis la mort, j’aime bien ce que vous faites.

– Moi aussi, Madame, j’aime bien ce que vous faites.

Pour ma part, j’aurais répondu :

– Je déteste ce que vous faites, c’est nul ! C’est immobile, froid, triste, puant alors que la vie est une invention permanente.

Ce coup de fil fut-il émis par une admiratrice pour favoriser un échange ou par provocation, pour susciter l’effroi ou mesurer sa crédulité, pour piquer sa curiosité ou…? A-t-il inventé cet appel téléphonique ? Léo Ferré aimait hasarder les possibles, les coïncidences…

Pour en revenir à la mort, pourquoi serait-ce une femme ? Parce que la plupart des poètes sont des hommes ? Qu’en est-il chez Louise Labé, Anna de Noailles… ? Après enquête, Louise Labé se préoccupait plus de l’amour que de la mort. (Selon certains exégètes, cette poétesse n’a pas existé.) Anna de Noailles envisage de mourir pour être plus proche, sensuellement, de la terre. Je chercherai chez Renée Vivien, Marie de Régnier, Lucie Delarue dont j’ignore tout…

Est-ce simplement dû au genre féminin  de ce substantif ? Qu’en est-il dans les autres langues ? Certaines favorisent le neutre…

Choisir une représentation féminine n’est pas très objectif : les tueurs sont plus souvent des hommes, question d’hormones, de musculatures et de structures sociales  (à l’exception de quelques sociétés matriarcales).

Utiliser la femme comme symbole découle-t-il du fait que le féminin est souvent présenté comme négatif ? Ou est-ce que naissant d’une femme, il faut une femme à l’autre bout de la vie ? Les femmes étant moins inquiétantes, est-ce une façon de l’amadouer ?

Quel que soit son genre : la mort est la mort. Par avance, je la hais de toutes mes forces, ces forces qui me manqueront pour la repousser.