Voyage à Compostelle
Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle tenaient leur rôle dans mon roman « Pas de deux ». Lorsque je rencontrais des lecteurs l’ayant accompli en partie ou en totalité, j’avouais que mon parcours se limitait à un petit bout de chemin franchi à cheval. (Pour valider le pèlerinage, un minimum de cent kilomètres à pied et deux cent à cheval sont requis.) Par l’entremise d’un voyage organisé empruntant le chemin portugais en car, je me suis retrouvée à Saint-Jacques. La compostela m’échappe de nouveau.
En pensant à ce lieu, je projetais la basilique et son encensoir. Actuellement, des travaux masquent une partie de la basilique, encensoir remisé. Par contre, j’ai découvert une belle ville, très agréable, animée par les pèlerins, mais aussi par les étudiants, les habitants, les marchés, les boutiques, les estaminets…
Sur la Place de la cathédrale, j’ai croisé ce curieux pèlerin en lévitation lesté d’un encensoir. Sa main dans le sac, son regard coquin et son petit sourire à l’égard de la femme qui lui remet son obole me le rendent suspect. Outre ce drôle de pèlerin, à l’allure de pirate, j’en ai observé beaucoup, aisément reconnaissables à leur mine apaisée ou réjouie.
Seuls ou en petits groupes, assis sur le sol ou couchés, ils paraissaient installés là pour l’éternité. L’un d’eux dormait à poings fermés dans un duvet encadré de deux sacs à dos, une chaussure de marche accrochée à chacun, un bourdon orné planté dans l’un, une coquille Saint-Jacques décorée de la croix de l’ordre de Santiago, ordre militaire et religieux, dans l’autre. Une jeune pèlerine marchait de long en large, un gros bâton dans la main droite, un téléphone portable dans la gauche. J’aperçus les fesses rebondies d’une femme en collant lie de vin, silhouette digne de Brueghel qui ouvrit mes yeux sur l’ensemble : des rires, des accolades, deux religieuses en blanc dansant parmi la foule colorée.
Au milieu de l’émotion palpable et de l’allégresse manifeste, le petit train rouge et blanc devant la basilique et une boutique itinérante croulant sous les bâtons et gourdes en calebasses dénotaient quelque peu.
Au centre de la place, on peut lire sur une dalle : « Lieu de pèlerinage et de rencontre qui, à travers les siècles, est devenu un symbole de fraternité entre les personnes et témoigne d’une conscience européenne. »
2 Comments
arbouge octobre 20, 2019 - 09:26
Trois fois ?!
Petroff octobre 20, 2019 - 06:49
Ben nous on l’a fait pour de vrai.
De Porto, de St Jean de Luz et de Catalogne.
Magique, même pour un anticlerical farouche comme moi qui a même ressenti comme une emotion permanente.
Sauf peut être à St Jacques…