Consignes pour noël & 2021
Cette fois l’enjeu était vital, les lutins et le gnome se réunirent pour prendre des mesures d’urgence.
En 2018, ils avaient enfermé le père Noël dans sa hotte, lui fauchant son traîneau et son renne pour s’offrir un voyage interstellaire.
En 2019, ils le tassèrent dans une cheminée trop étroite pour sa bedaine. Le Gnome, amolli par la présence d’une Pierrotte affectée et niaise, ne songeait qu’à son voyage de noces. Ils partirent pour la voie lactée, en jetant des « bonnanées » à la volée. Très vite, le gnome mesura la vacuité de sa dulcinée et la transforma en citrouille.
2020, année qui par sa configuration numérique devait apporter le bonheur sombra dans le malheur pandémique. Les virus tombaient comme des pluies de confettis. De lourds soupçons pesaient sur le gros rougeaud. Or, il revenait la hotte bourrée de virus retors et de germes maléfiques planqués au milieu des chocolats et autres guimauves.
Les gamins et les rennes savaient qu’il fallait renoncer au consumérisme forcené et proscrire les retrouvailles autour des victuailles et des volailles. Ces dernières avaient entamé une grève de l’œuf pour attirer l’attention sur leur sort déplorable, s’associant aux dindes et aux canards cirrhosés. Malheureusement, les adultes s’obstinaient en scandant : « Noël, Noël, Noël » tout en poussant devant eux des vieillards déstockés en hâte qui pourtant ne croyaient plus à ces fariboles depuis belle lurette.
Un groupe de lutins et d’elfes empruntèrent des ailes de fées et des balais de sorcières pour rejoindre la Laponie afin d’enlever le père Noël. Comme à son habitude, il cuvait tout en tétant sa barbe d’un blanc douteux. Ils l’enveloppèrent dans un nuage qu’ils tractèrent jusqu’au dessus du cratère de l’Etna où ils le précipitèrent.
Restait à neutraliser la nuit du 31 décembre pour limiter la propagation de la bêtise et du virus. Une équipe de génies et de follets avaient dérobé une aurore boréale ainsi qu’un arc-en-ciel pour assurer la limpidité de la nuit comme au premier matin du monde. Enfin, sous l’égide de Chronos, esprits et divinités s’unirent pour bloquer toutes les horloges de l’univers.
Bouteilles en main, les fêtards des Champs Élysées attendaient la nuit noire et les douze coups de minuit. Ils finirent pas s’endormir sur place comme la Belle au bois dormant. L’ange de l’aube du 1er de l’an leur conseilla, pour éviter le ridicule, de rentrer chez eux et de revenir l’an prochain.
11 Comments
Thierry janvier 17, 2021 - 11:08
Très chouette !
Sam janvier 08, 2021 - 09:35
Que d’imagination. Bravo !
Andy janvier 03, 2021 - 10:37
Une conteuse subversive à la verve imaginative qui m’a transporté de l’Etna aux Champs-Elysées tout en restant au coin du feu. Andy
Alain janvier 02, 2021 - 09:53
Très beau texte, reflets des états d’âme et des inconsciences collectives ! Alain
Nat janvier 02, 2021 - 09:51
Superbe conte, un régal.
Laeticia décembre 26, 2020 - 09:49
J’ai beaucoup aimé ce texte. Très bien écrit.
Marie décembre 23, 2020 - 18:28
Joliment écrit, mais pour éradiquer le père Noël, tu le places en Ephad, tu le laisses mijoter et le tour sera joué. Quand on peut aider…
Alexandra décembre 23, 2020 - 08:49
enfin, la vérité éclate !
Philippe décembre 22, 2020 - 11:58
Excellent ! Philippe
Francisco Arco décembre 21, 2020 - 18:29
La magie de Noël revisitée. J’adore !
Andrea décembre 21, 2020 - 18:26
Je sens une certaine suspicion à l’égard des festivités de fin d’année.