Ratages historiques

Mes oreilles s’écarquillèrent quand un jeune homme me déclara qu’il n’avait rien su des événements de mai-juin 68, tout occupé à restaurer une fermette à cinquante kilomètres de Paris.

Mes oreilles furent de nouveau ébaubies lorsque une jeune femme de gauche me confia qu’elle n’avait pu célébrer l’élection de François Mitterrand le 10 mai 1981, car elle passait la soirée avec un  homme convoité depuis longtemps : partenaire indifférent aux résultats électoraux qui s’acquitta de sa tâche. Hélas, bouleversée, elle resta de glace, cumulant ainsi un ratage historique et intime.

Pour ma part, je pris conscience de certains ratages avec plus ou moins de décalage, j’en soupçonne quelques autres… Les revers marquent-ils plus que les succès ?

Les finales des tournois de tennis m’attristent toujours. Le vaincu, victorieux de nombreux adversaires semble accablé. Au bord des larmes, il brandit à peine le plat d’argent, tandis que l’autre enlace la coupe dévotement.

Je propose qu’à l’issue des demi-finales, on glorifie les deux héros qui devront s’affronter : la suite relevant souvent de l’aléa. Les deux sauteurs des Jeux Olympiques 21 ont adopté cette belle attitude.

De même, si les chagrins s’incrustent plus que les joies, cherchons un antidote radical. La pensée positive permanente ? La résilience exaspérée ? La promotion des fiascos ?

La gorge serrée, j’hésite entre gélules multicolores et mots sonores.