Une jeune femme
Le regard bien droit, le visage sérieux, la tête inclinée délicatement : intimidée ou mutine ? Le chemisier me paraît bien joli avec sa rangée de gros boutons et sa brillance. Quelle est sa couleur ? La jupe à godets semble taillée dans un tissu souple, relativement épais. Les mains accrochées au portail dénotent une certaine gêne. Elle porte de discrètes boucles d’oreille. L’agrandissement de l’image révèle deux traits fins aux poignets : un bracelet en perles et un bracelet-montre. Les socquettes dans les sandalettes, en accord avec la terre du sol et la saison, ne choquent pas.
Elle se tient à l’intérieur d’une propriété. Derrière elle, une colline se découpe sur le ciel entre un toit de maison quercynoise et une haie prolongée d’une maisonnette.
J’aurais dû lui poser des questions, mais d’où sort cette photo ? Quand fut-elle prise ? Sur une autre, elle vendange avec ses parents et son frère aîné : un sécateur dans une main, une grappe dans l’autre qu’elle déguste en riant.
J’ai écrit un texte sur un jeune homme que je trouvais fort séduisant et qui allait devenir mon père. Je me devais d’en écrire un sur ma mère : parité et justice l’exigeaient. Une amie me l’avait demandé : il est trop tard pour qu’elle le lise.
Comment être en paix avec ses souvenirs et aussi avec ses oublis ?
Récemment, j’ai entendu : « mieux vaut avoir des remords que des regrets… » J’ai peine à le croire et, pour ma part, j’ai l’embarras du choix.
2 Comments
arbouge mai 30, 2022 - 14:03
Ah ! Je n’aime pas cette autrice qui a fait ses choux gras de l’acculturation. Sujet sur lequel d’autres et moi-même ont écrit…
J’ai longtemps hésité à mettre ce texte en ligne, je ne veux pas que ce blog soit « un journal intime », mais la fête des mères (promue, parait-il par Pétain) et des amis qui meurent autour de moi… Alors, je pense à toutes « ces voix qui se sont tues », mais qui m’habitent.
JL.N mai 30, 2022 - 13:37
C’est très Annie Ernaux.