Pour…

Pour consoler le  temps qui passe,  j’écris

mots perdus agrémentés de notes

enrubannés de têtes de linotte

des mots tout ciselés dans l’en-dedans

virevoltant comme des cerfs-volants

des mots parlant volutes et spirales

roulés en torsades verticales

des mots tressés enlacés plus puissants

que les armes poissées rouges de sang

des mots s’inventant à chaque instant

des mots mêlant le futur au présent

des mots  cinglants qui renvoient l’insulte

des qui rient s’amusent et exultent

quand le bien et le mal s’affrontent

des mots qui simulent la colère

puis sombrent  en joutes singulières

des mots escaladant les nuages

cernés d’oiseaux et d’éclairs d’orages

 

Des mots pour rendre le monde meilleur

et danser nus dans des jardins en fleurs

des mots pour combattre la mise au pas

tout grimés colifichets, falbalas

des mots pour redonner l’espoir aux mots

prisonniers des idées  recto-verso

des mots pour sauver tous  les animaux

piégés dans les abattoirs, les labos

éventré dans l’arène  un taureau

leurré du rouge d’un pseudo duo

 

Des mots pour les sauver grands et petits

en biffant gens de pouvoir et d’envie

mots en couleurs pour chanter l’univers

pour renverser les portes de l’enfer

des mots pour exorciser les plantes

les rêves  les étoiles filantes

des mots pour enlacer les nuages

détourner les saisons des présages

Des mots pour amorcer un pas de deux

plein d’arabesques de voltes en feu

des mots pour arracher un moment

des créatures improbables du néant

des mots d’histoires sans  queue ni tête

se riboulant d’une pichenette

des mots pour réfléchir et méditer

sur les formes des sons pour commencer

puis renverser toutes les menaces

abolir peur attentes angoisses

des mots chantant une ritournelle

bien à l’aise au creux de ses ailes

des mots pour apprivoiser dans l’instant

les signes étoilés du firmament

 

pour marquer le temps qui passe,  j’écris