Ces jours-ci,  le robot Chat GPT suscite des engouements. Il répond à des questions philosophiques, crée des images à la manière de…,  traduit, rédige des articles, des scenarii, bientôt des romans !

Bien que les auteurs coûtent des fifrelins, si ce robot est gratuit, ignore  les affres de  la page blanche et l’existence  légale des maigres droits d’auteurs, nul doute que les éditeurs le choisiront.

J’évoquais cette triste perspective  avec un visiteur appréciant les couvertures de mes livres. D’un ton convainquant, il déclara : les robots seront des lecteurs.

Aussitôt, je visualisai une file de petits robots affables devant mon stand.

– Vous désirez cet ouvrage ? Très bien. Voulez-vous une dédicace ? Bien, quel est votre nom ?

– Gort.

– Enchantée, mon nom abrégé et en verlan c’est Gorb.

– Ravi !

Il me sert la main avec sa main en métal la broyant gentiment. Je crains mes dédicaces compromises. Heureusement, deux  robots me  tendent  ensemble  un roman.

– Vos noms ?

– R2D2 et C3PO.

– Euh, vous avez des diminutifs ?

– RC, lance une jeune femme sexy qui s’impatiente, moi c’est Sophia.

Elle est charmante,  tout en courbe et en latex. Un robot la toise.

– La confusion s’amplifie, de mon temps les robots avaient une gueule de robot ou comme moi une voix, un rayonnement, une aura.

– Et vous vous appelez ?

– Hal 9000, mais vous pouvez m’appeler Hal.

– Si je me souviens bien, vous vouliez prendre le pouvoir ?

– C’est fait.