Sur la tête

– Monsieur, pourriez-vous cesser de marcher sur la tête : c’est perturbant.

– Impossible, le poil dans ma main m’entrave lorsque je me déplace normalement.

– Décidément, les gens sont déroutants !

– Vous savez, marcher sur la tête présente des avantages : quand ma femme fait le poirier, nous discutons. Mon patron ne pouvait plus me voir, il préfère de beaucoup contempler mes chaussettes, aussitôt  il fredonne : y’a un pied dans la chaussette. Preuve qu’il ne sait pas compter.

– Ne pensez-vous pas qu’il fait allusion à un concept plus grivois ?

– Je ne vois pas.

– Disons que le pied ne serait pas un pied et la chaussette…

– Voulez-vous parler de la rengaine : les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches ?

– Je ne veux rien, à part que vous cessiez de marcher sur les mains.

– Vous n’aviez interdit que la tête.

– C’est le monde à l’envers qui m’indispose et toutes ces têtes à gifles !

– Restez correct, je ne vous ai pas insulté, espèce de gougnafier !

– Longtemps, j’associais ce terme au cognassier qui porte des coings. Ça vous en bouche un,  vous le décérébré.

– Ce n’est pas faux, mon bon monsieur, à force de marcher sur la tête, mes pensées se tassent et je me sens bête.