J’ai rêvé que je passais des tests dans un centre médical, du moins le personnel portait des blouses blanches. Je m’efforçais de répondre correctement aux questions et j’exécutais avec application les exercices demandés. En ce lieu, je supposais qu’attention et soins me seraient prodigués.

Dans le passé, j’ai participé à des études mesurant mémoire et aptitudes cognitives sous diverses formes, ainsi que des tests physiologiques : marche rapide, volume respiratoire.

Dans ce centre, le second intervenant, un homme peu souriant aux cheveux noirs plaqués sur le crâne, me tendit d’office un citron coupé  à positionner sur une case exigeant un objet rouge,  pourtant la corbeille devant lui regorgeait d’objets de cette couleur . Son attitude me surprenait, voulait-il mesurer mon intelligence ou ma docilité, mon acceptabilité de l’absurde ?

Puis, une infirmière m’ordonna de marcher à quatre pattes,  de saisir entre mes dents des papiers froissés traînant sur le sol et de les déposer un peu plus loin, ceci plusieurs fois, le plus rapidement possible. Je m’exécutais tout en trouvant sa demande aberrante.

Doutant tout à coup de leur bienveillance et du bien-fondé de ces tests, je me braquai. Face à mon hostilité, l’homme aux cheveux gominés me soumit à des calculs arithmétiques. N’ayant aucune affinité avec les nombres, j’avançais des résultats que je savais approximatifs. Il augmenta les difficultés m’acculant au silence, me déstabilisant.

Je m’éveillais.

Certains rêves sont récurrents, mais celui-ci est nouveau. Il est vrai que j’avais passé une  partie de la journée à rechercher des renseignements médicaux. La mémorisation très précise de ce rêve désagréable me surprend, d’autres mettant en scène des objets d’art anciens ornant de vastes pièces où j’aimerais vivre s’effilochent dès l’éveil.

Les nuits comme les jours se jouent de nous.

Technique mixte de Roseline Chartrain