Volcanique

(Thème du printemps des poètes 2025)

Créons un courant, une école, révoltons-nous ! Nous les bannis, les obscurs affamés de mots et de larmes. Clouons au pilori les censeurs de tout poil ! Dansons la carmagnole des fous, instaurons le monde inversé, raturons les faux poètes.

Interrogeons-les ????????  Interpellons-les !!!!!!!!

Étranglons la suffisance de leurs §§§§§§§§ pour les ******** filantes

Caracolons sur leurs bedaines putrides, perçons leurs flancs, décalquons leurs ombres sur les palissades couvertes de pissat. Convoquons leurs acolytes et les argotistes pour un procès exemplaire ! Disparaissez !

Rééduquons ceux qui ourdirent certaines anthologies. Habillons-les en laquais munis de bougeoirs, affublés de jarretelles, corsets et falbalas prétendument affriolants. Agenouillés, ils liront dévotement ceux qu’ils évincèrent sans état d’âme, redoutant que leur notoire médiocrité suppure d’évidence à leur contact. Réfléchissez !

Vos chevilles enchaînées à des machines à écrire, vous rampez au milieu de labyrinthes mythiques et littéraires, dans une obscurité totale, sans le moindre fil. Les cris du Minotaure vous cloueront de terreur. Repentez-vous !

Vautrés sur les carreaux d’un damier géant combiné au jeu de l’oie, nus, badigeonnés d’encre et de plumes, vous chevaucherez la diagonale du fou hérissée des tessons de vos sentences que vous appliquerez à  vous-mêmes. Repentez-vous !

Une trappe, disposée près de la tour de l’échiquier engloutira les pires.  La Reine blanche émasculera les bouffons, la Reine noire enfoncera des coquilles dans les bouches parjures. Les tendancieux ficelés aux poteaux de poseurs entonneront les chansons bêtes du répertoire : « Il est des noôtres, il a bu son verre comme les auautres. » Il n’en manque pas ! Si nécessaire, nous vous détacherons pour que vous exécutiez la danse du canard ou celle du tapis. Tout ce qui terrifie les enfants intelligents, les poètes incompris, les pessimistes agonis, les intellectuels qui pensent. Pour la plupart vous n’inventiez pas, vous  contrefaisiez.

Les oiseaux raffinés replient leurs ailes, grelottant d’effroi et tentent de reprendre souffle dans des contes sans chasseur, sans ogre, sans sorcière, sans Carabosse. Ils se nichent dans de doux nuages qui dessinent d’instant en instant des arabesques sur un ciel marouflé. La seule vraie fantasmagorie se réfugie dans les crépuscules d’hyacinthes et d’or et les aubes frivoles qui effacent les nuits.

Les griffons convoqués par ces poètes impudents refusent de servir d’alibis et se cachent dans les greniers désertés par les chantres effrayés. Des bribes remontent le temps, se heurtent aux souvenirs d’objets oublieux de leur usage, aux myriades de livres au papier tavelé que personne ne lit, revues modernes caduques, journaux aux nouvelles périmées, pages de désespoirs oubliés.

Les illusions se rasent le crâne et enfilent des robes en dentelle et des capes noires doublées vieux rose. Des poètes fourbes les rejoignent pour extirper leurs secrets et se renouveler. Quelques griffons écœurés s’enfuient par l’œil-de-bœuf, les doux se laissent dévorer par leur moitié léonine.

À quoi bon rêver à des ailleurs inexistants, à des possibles improbables ? À quoi bon aimer, quand tout n’est que leurres et malheurs ?

Figeons la lave volcanique de la haine. Sauvons la poésie pour que revienne la vie.

Extrait de 2 dés & l’éternité