Derrière mon étal
Pourquoi, ce refus de réfléchir ? Moi, à « me prendre la tête », « je prends mon pied ». Et comment expliquer la rareté d’échanges authentiques ?
En juillet, un homme m’a longuement expliqué que je ne vendrai pas mes livres dans cette ville de « décérébrés » : je devais recourir aux réseaux. Lui, poète et scientifique, concevait des textes de vulgarisation, son site se révélait porteur. Peut-être que ceux ciblés attirent, mais un site littéraire… Il ajouta qu’il n’appréciait pas l’agencement de mes couvertures. Après quoi, il me proposa de rédiger un topo sur trois de mes ouvrages : il le diffusera, enfin peut-être.
Une femme lui succéda : elle désirait écrire. Incapable d’aller au-delà de dix pages, elle me demandait conseils. Obligeamment, je lui en donnais plusieurs. Elle s’éloigna sans rien acheter.
Soyons justes : elle revint un peu plus tard et en choisit un. Merci.
Une autre se montra vivement intéressée par mon roman évoquant un centre d’études nucléaires bien réel. Elle me parla des méfaits de diverses pratiques en Bretagne, tant par le passé qu’au présent. En dépit de mon insistance, elle repartit les mains vides. Il coûte quatorze euros, baisser le prix ? Je n’ose me transformer en marchande de tapis. J’aurais proposé douze, par jeu elle aurait lancé dix. Banco !
En août, derrière mon stand sur un marché des producteurs à un jet de pierre de mon village, j’observais les habitués qui me snobent et ceux qui, de loin, de très loin, m’interrogent : « Comment ça va ? » « Comme un écrivain ! » Réponse qui ne les ralentit même pas. J’envisage de saluer ces faux-c…, parfaitement indifférents, par un pouce levé ce qui les contrariera forcément, suivi d’un doigt d’honneur : comme, il s’agit de faux-c…, ça ne m’engage pas.
NB – Hélas ! j’ai répondu poliment. Heureusement, des rencontres sympathiques agrémentèrent ces matinées sans nécessairement déboucher sur des achats, au demeurant je n’aspire qu’à des lectures.