Les Chevaux de Pech Merle
J’ai écrit une légende à partir de la fresque des chevaux de la grotte de Pech-Merle (Cabrerets –Lot). Ce texte a provoqué quelques belles rencontres lors de Salons du livre ce qui est bien réconfortant car les Salons du livre sont souvent… Je n’en dirai pas plus ici, il suffit de se reporter aux nouvelles que j’ai écrites sur ce thème dans mes recueils : trois dans « Aléas », neuf dans « Ricochets », une dans « Kaléidoscope ».
La première fois que je présentais le récit dans sa version illustrée, c’était sur la place du Capitole à Toulouse sous des tentes blanches par une journée ensoleillée. Un homme de grande taille l’examina longuement avant de me questionner :
– Sur quoi vous êtes-vous basée pour écrire cette légende ?
– Hé bien, sur les deux chevaux ponctués, le poisson qui les relie, les mains d’hommes en négatif et aussi… Vous connaissez cette fresque ?
– Oh oui ! Je l’ai relevée sur calques millimètre par millimètre pendant bien des jours.
– Ah ! Évidemment mon approche est assez différente…
Nos propos remontèrent en surface pour évoquer le Causse et les vallées dont nous apprécions l’un et l’autre les contrastes. Il repartit, non avec la légende, mais avec l’un de mes romans se déroulant en Quercy.
Ce même jour, une femme feuilleta le livre. Je précisai que les peintures pariétales du Pech Merle avaient été réalisées plus de 29 000 ans avant notre ère.
– Je sais, c’est mon grand-père qui les a découvertes.
– Votre grand-père…
– Oui, je vais vous l’acheter.
Je la regardai s’éloigner avec un petit sourire sceptique, lorsque mon regard se posa sur le chèque qu’elle m’avait remis. De fait, elle portait le nom d’un des adolescents découvreurs de la grotte.
Depuis, j’ai rencontré d’autres membres de cette famille. J’ai appris que la grand-mère avait fait visiter la grotte une lampe à acétylène à la main, voyant dans quelques stalactites la statue de la Vierge… (En ce qui concerne l’aventure d’André Breton voir l’autre texte.)
Au hasard des Salons, j’ai croisé des préhistoriens parmi les plus renommés spécialistes du lieu, ainsi que des conservateurs de la grotte. Tous firent bon accueil à ma légende qui est une interprétation mythique et poétique de cette magnifique composition de douze mètres de long.
Dans les années qui suivirent cette parution, plusieurs personnes me racontèrent « ma » légende en m’affirmant qu’elle était vraie ! De fait, elle l’est comme toutes les légendes. D’autres pensaient que les monotypes de Roseline Chartrain inclus dans cette première version étaient autant de reproductions des dessins de la grotte. L’artiste, fière de cette interprétation parfaitement erronée, a prolongé sont travail par des estampes et des techniques mixtes. Cette plaquette est désormais épuisée mais elle a été commandée aux Amériques, en Australie… célébrant ainsi ce lieu exceptionnel. Le texte figure dans le recueil « Aléas » non épuisé.
Il y a peu, dans un Salon, je lisais le début de la Légende de Pech-Merle. Un homme s’arrêta à mon stand. Il venait de visiter la grotte en compagnie d’un garçon d’une douzaine d’années et d’un ami américain de quatre vingt ans. Tous les trois avaient été enthousiasmés par cette grotte : ses concrétions, les empreintes de pas, les toupies et les perles de caverne et, évidemment, par les peintures rupestres : mammouths, bisons, aurochs, ours et ce chef d’œuvre que constitue les deux chevaux.
Je relatai alors quelques anecdotes à propos de ma légende. À son tour, il me confia qu’après sa visite, il avait rêvé de la fresque. Précisons que les corps des chevaux sont ponctués de points noirs mais d’autres points sont tout autour. Une série forme la crinière mais les autres ? J’avoue ne pas les avoir intégrés à mon histoire. Dans son rêve, il énonçait que les points représentaient les battements des cœurs des chevaux.