Boîte à livres

J’ai emprunté un bouquin dans une « boîte à livres » : une ancienne cabine téléphonique reconvertie et aménagée pour les accueillir . C’est un roman policier. La première partie est angoissante, la deuxième ne semble pas se raccorder, mais je redoute qu’elle soit plus déstabilisante encore. J’arrête ma lecture, d’autant que je crois l’avoir déjà lu.  J’envisage de le rapporter. Le risque est que je le choisisse de nouveau. Le jeter ? Jeter des livres me pose toujours problème, mais jeter un livre qui a été mis à la disposition de tous, me semble plus sacrilège encore .

Je connais des personnes qui donnent les livres qu’elles jugent mauvais. Pour ma part, si je les estime moyens, je ne les transmets pas, refusant de participer à la médiocratie galopante. Quant à me séparer des livres que j’apprécie, je ne  m’y résous pas : je veux pouvoir sinon les relire, du moins avoir la possibilité de reprendre un passage, de vérifier un détail ou de conforter ma mémoire.

Je vais  ajouter un commentaire sur la page de garde qui en contient déjà un : « Suspense, complexe » Nadine. Voyons…, « Perturbant, traumatisant. » Colette

Peut-être pourrais-je découper les pages les plus sanglantes des romans policiers ou détourner les armes du crime…, si les protagonistes ne meurent pas, qu’en faire ? Mes propres personnages me tarabustent bien assez ! Des lecteurs me demandent ce que tels ou tels sont devenus. Je reste dubitative : écrire une saga est exclue, mais quelques  additifs envisageables… Serait-il possible de réunir tous les personnages que j’ai créés dans un seul et même ouvrage ? En suis-je capable ?

En attendant, je vais retourner dans la cabine et regarder si cette Nadine a déposé d’autres polars sanguinolents. Si oui, je lui règle son compte ! Je bloque la cabine hermétiquement pour qu’elle s’y étouffe ou je l’attache et la gave de boulettes de livres jusqu’à l’implosion.