Destin en temps de pandémie

Les statistiques démontrent qu’il faut additionner au moins trois graves aléas pour provoquer une catastrophe : c’est peut-être ce que l’on appelait, jadis, le destin. Lorsque des circonstances très improbables m’imposent une situation particulière, je redoute une issue négative y voyant la patte du malin.

Depuis plusieurs semaines, je m’efforçais de faire annuler un voyage pour le Vietnam et le Cambodge via Singapour… Quand, à la suite d’une tentative de cambriolage de mon studio à Paris, je fus contrainte de m’y rendre pour sécuriser la porte ; celle-ci, voilée, serrure tordue refusa de m’accueillir. Pour attendre l’intervention du dépanneur prévue le lendemain, je me réfugiai dans l’hôtel le plus proche, dînant dans le restaurant japonais qui le jouxte. Une femme brune se serra pour me faire une petite place. Elle arrivait d’Athènes, la Grèce est très touchée par le Coronavirus. Cette femme experte en cuisine japonaise me conseilla obligeamment. Nous échangeâmes propos amers sur le virus et sauce sucrée-salée entre nos deux tables très proches. À la louche, les trois conditions inattendues et fortuites sont réunies… Les restaurants fermèrent quelques jours après pour cause d’épidémie.

Le thème 2020 du Printemps des poètes était (est) : le courage. Quels visionnaires ces Poètes ! Comme chaque année, pour ce blogue, j’écrivais un premier texte/poème afin de l’illustrer : un peu drôle, un peu ironique débouchant sur ma peur de partir en Asie. Puis, j’en rédigeais un autre dédié aux Terriennes et Terriens plus en résonance avec l’inquiétude et les menaces mondiales. Celui-ci constitue la troisième tentative : les drames recadrent les choses et les êtres, taclant le dérisoire. Cependant,  un artiste est quelqu’un qui meurt s’il ne crée pas.∗  or, le virus constitue déjà un danger majeur, aussi je jette ces quelques lignes pour résister à ma façon. Poèmes confinés pour le moment.

∗ Nano-Music
Visuel de Beb-Deum – Exposition Humain-post-humain mars 2020