Jeux de rôles

Parfois je dois  fournir des photographies pour illustrer une manifestation littéraire ou un article. Laquelle  choisir ? Une photo qui corresponde à l’idée que l’on se fait d’un écrivain : devant une bibliothèque une plume à la main un livre dans l’autre ou le visage posé pensivement sur un poing fermé…

Je farfouille dans des piles de dossiers qui s’écroulent. S’échappe la photo de  l’écrivain avec son chat, excellent ! d’autant que c’était l’année de la publication de mon premier livre. Pourquoi pas celle prise lors de la parution du dernier  ? Parce qu’une œuvre commence par un premier livre et puis… désormais je ne me reconnais plus ; j’avais de grands yeux, ils sont petits, j’avais de petites oreilles, elles sont grandes.

J’étale devant moi des photos comme autant de petits morceaux de temps. Sans elles, je ne m’en souviendrais pas. Dans le parc du château de  Versailles, mutine :  casquette noire, pull marin, foulard – jeune, si jeune ! Cette autre, complètement différente insolente ambiguë et là, dans une ville italienne, en robe moulante de diva ondulante qui ne se prend pas au sérieux. En fée, lors d’une représentation des Nuits de Sceaux : robe grand siècle, bustier et, en guise de perruque, un bonnet de bain avec des mèches blondes qui déclencha l’hilarité du metteur en scène. Ailleurs, robe mauve, capeline pour un mariage et dans la série des métiers  :  en maçon, en bûcheron, en cavalière… l’habit fait le moine.

Je suis multiple ! C’était moi, je m’en souviens et au moins je me reconnais. Quelle facette choisir ?