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Pour ce blogue, je classe  mes textes courts sous des rubriques : « Journal », « personnel », « psychologie », « société », « poésie ». Le plus souvent, les blogues ciblent des thèmes spécifiques ou l’intime, or ce  blogue  se veut littéraire. Est littéraire ce que je peux mettre à distance, dûment transcendé par les mots et susceptible d’intéresser autrui. Toutefois, je constate que je reçois davantage de commentaires lors d’approches  personnelles plutôt que générales. Néanmoins, me raconter me semble moyennement intéressant et la pudeur renâcle. Mes romans présentent l’avantage de recourir à des personnages pour approcher les autres et moi-même : j’emprunte des traits de caractère  à plusieurs individus pour un seul protagoniste, j’exagère un défaut du narrateur, j’exploite une pulsion fugitive… Dans un ouvrage, je peux occire un ennemi, alors que je répugne à écraser une araignée.

« Journal » recueille des pensées courtes liées à un moment précis. « Personnel » découle directement de mon vécu : deuils, trahisons, peurs, obsessions… « Psychologie » dégage l’universel du biographique. « Société » révèle des comportements individuels multipliés par le nombre, orientés et canalisés par des valeurs ou non-valeurs, des structures, des réseaux… « Poésie »  autorise les larmes. « Dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne » : ce seul vers me bouleverse. Hugo pleure sa fille, malheureux poète qui enterra quatre de ses cinq enfants,  la survivante sera internée. Les « vers pour rire » mettent plus encore à l’abri : fable, chanson, pastiche, pamphlet dénoncent avec virulence tout en apaisant la colère.

Afin de ne pas lasser, je puise alternativement dans les diverses catégories. Il n’empêche que certains écrits se trouvent à la lisière de plusieurs critères. Ici même, cette narration née d’une mise à jour du Journal me pousse à m’interroger, certes plus en tant qu’écrivain que comme individu, mais difficile de faire la part des choses dans une société disloquée qui perd pied et révèle chaque jour histoires intimes ou scandales d’état imbriqués.

De plus quand ma muse s’en mêle

Elle brouille les étiquettes

Assemblant pour vous quelques miettes

De pensées à la bonne franquette

Le rire effeuille la pâquerette

Cachant mes larmes de mauviette

Les songes partent en goguette

À vous de voir quand tout s’emmêle