La clef

Qui avait pu accomplir un tel acte ?

Qui connaissait la cache de la clef de l’église ? Les carillonneurs avant que le mécanisme automatique ne les remplace. Le prêtre de la ville voisine qui venait célébrer la messe dans les grandes occasions. Quelques dévots bon teint, quelques artisans colmateurs de fuites, la bouquetière, les voisins qui de temps à autre délivraient un chat berné par une souris ou une colombe se prenant pour le Saint-Esprit. Qui d’autre ?

Une partie de l’enquête incombait à la police, l’autre à l’évêché.

La police achoppait sur plusieurs points. La femme retrouvée avait-elle été piégée par quelqu’un ou était-elle entrée de son plein gré en laissant imprudemment la clef sur la serrure. L’enfermer fut-il un acte délibéré ou un simple accident ? Combien de temps avait duré sa séquestration ? Est-ce elle qui avait accompli l’acte outrancier qui perturbait la paroisse ?

À cet égard, l’Église prononça des condamnations sans appel : hérésie, sorcellerie, profanation, excommunication.

Que faire ? Rien, par crainte de provoquer d’autres forfaits similaires par imitation. Tout au plus, rédiger un compte rendu, prendre des photos et prier. Puis, tout remettre en ordre.

Et c’est ainsi qu’on descendit de la croix l’épouvantail qui y avait été cloué.