Fins de romans

Débuter et finir un roman constituent deux moments clefs, déterminants et dangereux. Actuellement, je lis un récit se déroulant en  partie dans le monde des joueurs d’échecs. Obsédée par l’écriture, j’y vois des similitudes avec mon activité. Les personnages tels des figurines sur un échiquier évoluent en fonction de leurs caractéristiques, non sur des cases, mais dans des situations précises. De multiples combinaisons se présentent, certaines options se révèleront irréversibles.

Si l’ouverture d’une partie ou d’un roman engage forcément dans une direction, les possibilités de bifurquer existent, de plus modifier a posteriori le début d’un texte s’envisage. Les échecs se terminent par un nul ou la victoire des blancs ou des noirs, la reconstitution des coups en démontre les stratégies. Mais comment finir un roman ?

Une autrice débutante souhaite rédiger « une vraie fin »  refusant  pirouette,  doute ou une suite annoncée.

Mon manuscrit en cours étant sur le point d’aboutir, je m’interroge et me penche sur mes huit œuvres antérieures.

Je supposais avoir abusé de la pirouette, néanmoins en fonction des thématiques de mes romans, les six premiers me semblent proposer une « vraie fin » dont une heureuse,  les autres, disons, inéluctables.

Je note que deux d’entre eux renvoient au début ou  s’y référent : une boucle ? Deux autres offrent une conclusion pour certains personnages, un doute pour quelques-uns. À mon insu, les deux derniers s’ouvraient sur une suite, presque une saga ! À partir de cet éclairage, comment terminer l’ouvrage actuel ?

J’envisageais une apothéose à la fois grave et burlesque avec l’ensemble de mes héros. Au cinéma, cette scène très visuelle fonctionnerait. Évidemment, par rapport à l’histoire, elle peut se lire comme un simple épisode.

Contrairement à la jeune romancière, j’identifie davantage de formes d’aboutissements et j’ai tendance à croire qu’il convient d’élaborer un final pour le livre, une fin pour chaque protagoniste (sept) et une pour le narrateur.

Un épilogue pourrait célébrer trois unions pour six des personnages : ils méritent des fins heureuses et les lecteurs y aspirent. (Le septième ne  souffre plus de solitude et son activité le satisfait.) Mais que devient le narrateur qui se dissimule plus ou moins derrière chacun ? Comment en finir avec lui ?

NB – Tout conseil sera le bienvenu, merci.