Kafka (Centenaire)

Il y a quelques années, j’avais rendez-vous avec Franz Kafka sur la place de la Vieille Ville à Prague.

Le nez en l’air, nous avons attendu la ronde des automates de l’horloge médiévale et avons ri de la faux bringuebalante de la mort agitant son grelot. Ensuite nos pas nous conduisirent au château.

Devant le lourd portail, Franz, nerveux, amorça un demi-tour. Je posai une main sur son bras : « Voyez comme il fait pacotille, peut-être n’est-ce qu’un décor né de votre livre : entrons ! » Avais-je prononcé le Sésame ? Toujours est-il qu’un battant s’écarta en grinçant à souhait et nous pûmes déambuler paisiblement sur les remparts et saluer les armures qui, débonnaires, montaient la garde.

De retour en ville, face à la synagogue nous pénétrâmes dans le cimetière aux pierres dressées de guingois comme bousculées par un séisme ou un Golem. Obligeamment, Kafka m’indiqua la sienne décorée d’un cafard d’or.

Sur la place de l’hôtel de ville, Kafka prit congé et rejoignit sa demeure tandis que je me dirigeai vers le pont Charles dont les statues baroques se défient depuis des siècles. La Vltava franchie, je m’installai dans un jardin pour noter les arguments que j’avancerai au procès.

Je regrettais de ne pas lui avoir demandé le nom de la nouvelle qui relate la confection par une belle jeune femme de chocolats ou de gâteaux ( ?) dans lesquels elle introduisait furtivement des insectes morts.

S’inspire-t-elle d’une histoire vraie ? Est-ce la raison pour laquelle il n’épousa pas la donzelle ou l’origine de la métamorphose ?