– Je dois m’acheter une conduite.

– Ça coûte combien ?

– Je ne sais pas, ni même à qui m’adresser.

– Est-ce une sorte de chemin de table ?

– Non, rien à voir. C’est se comporter comme il se doit.

– Ça veut dire quoi ?

– Je ne sais pas vraiment. Au Moyen âge, on pouvait acquérir des indulgences auprès des prélats pour absoudre ses péchés : c’est dans ce registre.

– Tu as péché ?

– Sans doute, comme tout le monde.

– Ça porte tort à autrui ?

– Parfois, à soi le plus souvent. Je veux m’acheter une conduite, non pour

gommer mes faiblesses, mais pour construire ma vie.

– C’est-à-dire ?

– Je ne sais pas.

– Repartir à zéro ?

– Franchement, je n’en aurais pas le courage.

– Alors ?

– Peut-être bifurquer ?

– Vers quoi ?

– Je ne sais pas, mais je suis bloquée, j’aspire à autre chose…

– Tu pourrais accomplir une retraite spirituelle.

– Comment s’y prendre ? Où aller ?

– Cherche sur internet.

– Je crains que ma vie ne justifie pas une telle démarche.

– Tu pourrais dresser une liste de bonnes résolutions.

– Comme au jour de l’an ?

– Oui, mais en les appliquant.

– Je retomberai toujours sur les mêmes trucs.

– Quels trucs ?

– Les fondamentaux, les réminiscences, les constantes, les impossibles.

– Alors, renonce pour de bon, lâche prise, sois zen, résiliente !

– De quoi parles-tu ?

– Je ne sais pas.