Du coup, carrément
Dans la peuplade des crânes rasés et anneaux dans le nez (quand deux ornent la lèvre supérieure : effet vampirette garanti), plusieurs niveaux de langages coexistent ponctués de persistances intrinsèques (du coup, carrément), ainsi que de néo vocables à tendance virale. D’où surgissent ces derniers ? Réseaux, influenceurs, clans ? Comment remonter à l’origine ?
Par le passé, j’ai chassé les « voilà », toujours vivaces, les « pas que » et autres. Cette fois, je m’interroge sur les accents et les rythmes sur lesquels émettent ces locuteurs.
Le ton banlieusard s’attrape aisément, tout en demeurant préférentiellement endogène. Beaucoup se contentent de parler à toute vitesse, sans articuler : contamination du rap ? Il arrive que leurs porte-parole possèdent un lexique conséquent assorti de formules clefs, néanmoins le débit demeure saccadé.
De tout temps, et plus encore lorsque des catégories découpèrent la population dans un but mercantile, la notion de groupes s’imposa. Dans les années 60, les Yéyés sévissaient « Salut les copains, vous entendrez demain, de nouvelles salades, l’époque est bien malade » chantait Léo Ferré. Mode, mots fétiches et manières se répandirent. Néanmoins, des individualités surnageaient résistant à l’uniformisation. Aujourd’hui, la mondialisation nivelle même les marginaux.
Ils adoptent des signes anciens d’origines diverses, tout en négligeant leur sens profond, certains remontent à l’Antiquité. L’anneau à l’oreille, les tatouages, les pilosités : moustaches, favoris, barbes prisés des notables sous la 3e république, tandis que les tonsures désignaient les réprouvés.
Dorénavant, tout se fond et se confond : une moitié de tête rasée, l’autre agrémentée de dreadlocks (liées au mouvement rasta de 1930) ou une crête de cheveux colorée sur un glacis rosé (punk – 1970) ou encore de petites nattes savamment tressées qui sautent comme sauterelles de l’Afrique aux crânes blancs. Dispositifs souvent seyants.
Les motifs de la jeunesse pour se démarquer ne manquent pas. Cependant, pour diverses raisons, des individus matures et même vétustes les copient : vocabulaire, tatouages, fringues, bracelets en tissu, coiffures, habitats, mœurs…
Passer une main sur un doux duvet latéral et rejeter d’un hochement de tête désinvolte sa crinière sur la gauche (côté privilégié) n’est pas désagréable : je le teste chaque matin.
2 Comments
arbouge novembre 24, 2024 - 09:08
Non pas ! Il s’agit d’un modelage de Valérie, photo prise lors d’une exposition à Lauzès (46). Dès que mon nouveau look sera au point, je glisserai une photo ici ou là.
Samy novembre 24, 2024 - 09:03
Et la photo est-ce un autoportrait ?