Autodafé

La maison des écrivains et de la littérature à Paris n’existe plus,  les archives : huit cents cassettes d’entretiens, abandonnées.

Où donner asile aux livres et aux rêves ?

Dans les Salons du livre et autres étalages livresques où je m’obstine à présenter mes œuvres, les passants me confient fièrement se fournir dans les boîtes à livres ou, à la rigueur, dans les bibliothèques. J’ai cessé d’exposer ma théorie : si les fruits et les légumes étaient à disposition de tout un chacun, que deviendraient les maraîchers, les pousses, les semences…

Seul salut possible : renoncer à écrire ! Hélas, je viens de terminer un nouveau roman, j’ai même le titre ! Je n’ose le proposer à ma nouvelle éditrice… Problème : on n’écrit pas pour soi, sauf en thérapie et sous tranquillisants, on écrit pour autrui et l’infinité du monde. Je n’ignore pas que les peintres et les musiciens subissent un sort similaire : un désastre à bas bruit.

Pour ma prochaine prestation,  je vais préparer des panneaux :

Achetez un livre ou adoptez l’Écrivain

Un livre acheté : une peluche gagnée

L’esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas. Hugo

Lire c’est éveiller  le sentiment de l’infini.  Jaurès

Les gens qui lisent sont moins cons que les autres.  Pivot

Et ceux qui me lisent subliment leur intelligence !

C. B.