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La main

Dans l’impasse du gué, une porte en bois sombre munie d’un heurtoir métallique en forme de main de femme fine et alanguie attirait les visiteurs.  Jadis, cette maison,  comme l’indiquait le numéro de grande taille au-dessus de la porte, servait de lieu de rendez-vous. Ces endroits disparurent du fait de la loi et peut-être de l’évolution des mentalités. Cependant une attirance suspecte perdurait. La nuit, des silhouettes approchaient, ralentissaient, dépassaient la demeure avant de  revenir…

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Muse & Cie

Un artiste me confia qu’il créait uniquement pour l’amour d’une personne. Comment le vivait-elle ? Touchée, impressionnée, valorisée ou encombrée par cette responsabilité à partager avec les muses ? Sa première inspiratrice se consacrait à faire bouillir la marmite et à élever les enfants. La deuxième exerçait dans un domaine artistique : soutien matériel et possibilités de débouchés. Célébrité, projecteurs, paillettes éblouirent la troisième. Pour les suivantes, je ne sais. Quoi qu’il en soit, vivre avec un…

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Angoisse

Dès l’enfance, j’ai ressenti de l’angoisse sans même connaître le terme. Je disposais de celui de « cafard » : avoir le cafard. Expression qui s’appuie sur la couleur de l’insecte et  ses mauvaises fréquentations : les recoins, la nuit. Dans le long couloir sombre du dispensaire où je naquis, les pas résonnaient dans la lueur bleutée tombant d’une verrière. Tout au bout au-dessus de la porte, un bas-relief en plâtre représentait un enfant ficelé comme une…

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Stratégies d’évitement

La personne honnie se trouve sur votre droite, tournez la tête à gauche ; si elle est à gauche, faites l’inverse. Variante plus discrète : effectuez de légères oscillations de la tête, les yeux rivés sur l’horizon comme si vous cherchiez quelque chose ou quelqu’un. Autre solution : marcher en souriant en direction de la personne,  à une distance de sécurité raisonnable s’immobiliser pour refaire le nœud de votre lacet de soulier en prenant appui sur une…

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reflets rivière Lire la suite

Tranquille

Il pêchait tranquillement dans la petite rivière, quand soudain l’eau s’arrêta de couler. Le bouchon s’immobilisa, légèrement incliné vers l’aval. L’eau comme un miroir emprisonnait les reflets des rives et des arbres. À contre ciel, leurs feuilles se figeaient dans la lumière : plus le moindre souffle, plus le moindre frémissement. Bastien balaya du regard la terre et le ciel, l’amont et l’aval. Nul clapotis, nul pépiement d’oiseau, nul crissement d’insecte, seule sa respiration ténue…

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À reculons

Vous arrive-t-il d’aller quelque part à reculons ? Puisque l’expression existe… Pour ma part, je crains que ce soit mon mode de locomotion habituel. Alors, pourquoi se déplacer ? Prenons un exemple au hasard : les Salons du livre. Ils impliquent de se lever dès potron-minet, de charger bouquins et accessoires, de faire la route, de chercher la localité, puis de s’enquérir de la salle et d’en trouver l’accès. Trop tôt, on trouve porte close ou on…

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Confidences d’un livre

À une époque où chacun a besoin d’apaisement et de joie, mon titre ne peut qu’inquiéter : Le désordre des choses. Si mon autrice m’avait consulté… Et que signifie-t-il ? Désordre, je peux comprendre, d’autant que la couverture est explicite : quelle pagaille ! Mais choses est plus que vague quant aux synonymes… Le désordre des trucs, des machins, des objets, voire des livres ! Ceci confortera la méfiance légitime à l’égard des bouquins qui n’ont plus bonne presse ces…

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Comme un roman

Sans doute, est-ce parce que l’on dit d’un essai qu’il se lit comme un roman que cette étiquette est accolée à des ouvrages nullement romanesques. Qui en décide : l’auteur ou l’éditeur ? Ainsi ils refilent en douce des nouvelles, des bribes de réflexions, les pages d’un journal… Il arrive qu’un critique s’en mêle : « Un roman déjanté, caustique, relevé, avec parfois des phrases de toute beauté. » Cette appréciation figure sur un livre autobiographique et présenté comme…

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Alerte

La cruauté comme une marée noire putride fracassait la liberté. La haine affolait les hommes encore humains. Devant cette force monstrueuse, beaucoup prirent la fuite. Mais l’ignoble détrousseur de sentiments  détruisait les villes et les  âmes,  exfolier la vie,  abaisser la pensée. Son visage lourd et buté  éructait des décisions démentes pour semer la terreur et distiller l’horreur, bafouant la terre et tous les rêves qui relevaient la tête. Il jetait ses forces gluantes de…

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Pamphlet

Ah toutes ces coquetteries langagières délectables ! Ces « J’allais dire… » suffisants Ces « Vous n’êtes pas sans savoir » fort arrogants Ces « sauf erreur » et « Si ma mémoire est bonne » ponctuant leur discours. Que ne sont-ils aphones, interdits d’ondes, munis de muselières !   Courbettes, ronds de jambe, fards de pharisiens. Tels les « assis » de Rimbaud, gens d’esbroufe, vains. Tandis que je vais de cahots en syllabes ânonner aux pieds d’instances immuables Gorgée de silences qui m’étouffent, j’écris en…

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